Rêveries parisiennes

Rêveries parisiennes
Une atmosphère très parisienne, près du musée du Louvre

samedi 11 décembre 2010

Grosse déprime hivernale

Lundi  6 décembre 2010-12-06
(Antony et Centre Pompidou)

Il suffirait de quelques «bog» pour condamner la société moderne à perdre sa vanité. L’homme nouveau, qui aspire à tout conjuguer au futur, rêve de contrôler la marche du monde à grand renfort de systèmes informatiques. Pourtant, au moindre incident, c’est la panique et le désespoir. Comme ce matin, à Paris, quand plusieurs lignes de métro et du RER ont accusé une série d’incidents. Voix glaciale s’effritant dans les stations, pour annoncer aux passagers des «incidents causant de sérieuses perturbations». Aucune révolte apparente, et c’est bien cela qui peut nous inquiéter. De la résignation, partout présente.

Le froid n’est pas seul à avoir anesthésié les neurones : c’est un aveu d’impuissance qui baigne la collectivité en pareilles circonstances. Aveu d’un mode de vie qui nous dépasse, un monstre que nous avons pourtant contribué à enfanter par notre consentement. Consentement donné à toute une dynamique perverse, qui prétend apporter des solutions par l’emprise envahissante de l’informatique sur nos existences ainsi prises en otage par la technologie.

Train de vie décapité
A quoi peut conduire la résignation pimentée d’une sourde indignation? Car il suffit de tendre l’oreille pour entendre les gens pleurer sur leur sort. A Pôle Emploi, dans une agence du 92, où l’on est soit-dit en passant fort bien accueilli et conseillé, un chapelet de lamentations était égrené par quelques demandeurs d’emploi en train d’attendre leur rendez-vous avec un conseiller. Une dame évoquait ses difficultés découlant d’un train de vie soudain décapité. Et prédisait de sombres jours en sa défaveur à cause d’une insuffisance en matière de points de retraite. Du même âge qu’elle, un monsieur déplorait le démembrement de l’industrie aéronautique française qui lui avait valu de perdre sa carrière, alors qu’il avait bien gagné sa vie. Milliers, millions de postes de travail (tous secteurs confondus) rognés par les délocalisations et restructurations des entreprises.

Atmosphère de musées
Partout, l’angoisse, le mal de vivre, la sensation d’un présent et d’un avenir qui se dérobent sous les pas de pans entiers de la société. Comment tenir le coup, quand on n’entend que des paroles entachées de sang et de larmes?
Il faudrait que chacun puisse avoir les moyens de fuir un environnement aussi ravageur. Par exemple en s’offrant une escapade dans un musée, là où jaillissent et frémissent d’émouvantes couleurs, de remuantes esthétiques. Comment les cubistes, lles constructivistes, les fauves, les surréalistes  - Braque, Picasso, Picasso, Delaunay, Picasso, Léger, Miro, etc. – dont les toiles sont exposées au Centre Georges Pompidou auraient-ils réagi?

La société, notre société, semble se déconstruire, se redessiner de manière inattendue, devenant surréaliste même, et pour la comprendre il faut avoir un sens de l’observation acéré!
Atmosphère envoûtante des musées où l’on vient se ressourcer et se remettre en question, tout en rendant un hommage discret à la beauté, en prenant le pouls de ce combat des artistes qui souffrent pour aller jusqu’au bout de la folie de créer et de réinventer le monde…
La Gare du RER, à Antony

Rue commerçante à Antony: Aristide Briant